- Accueil
- > Archives pour le Dimanche 30 janvier 2011
Le champ d’orties. 30 janvier, 2011
Le champ d’orties
Un jour que je me promenais à la campagne, j’aperçus dans une prairie un magnifique cheval.
L’étalon avait fière allure ; sa crinière dans les tons de miel prenait les reflets du soleil, sa robe couleur chocolat mettait en valeur les formes musclées de sa croupe et de son flan.
Sur ses longues jambes l’animal s’approcha de la barrière où je me tenais. Il avait l’air d’un géant.
Je lui tendis la main, histoire de faire connaissance, il s’en approcha et son naseau humide et froid la toucha. Puis, il pencha sa grosse tête et me laissa la caresser.
Les cheveux, qu’il avait devant les yeux, étaient aussi doux que la soie, et au fur et à mesure de mes caresses, il étirait son cou aussi long qu’il le pouvait s’approchant suffisamment de moi pour que je lui donne un baiser.
Je saisissais son visage entre les mains, nos regards se croisaient et sans dire un mot, nous partagions nos émotions.
Chaque fois que je prenais cette petite route, sur le chemin de nulle part, mon ami me reconnaissait et près de la barrière il m’attendait.
Pendant des mois, nous nous rencontrions à l’abri du regard d’oiseaux indiscrets. Sans paroles nous discutions et nous nous comprenions, je lui parlais de ma vie, il me donnait des leçons et je le quittais en déposant sur ses naseaux un tendre baiser.
Et puis, un jour, alors que je m’approchais de lui, mon ami se mit à ruer, il semblait en colère et ne me laissait plus poser mes mains sur la barrière.
Mes visites étaient sans doute trop nombreuses, ou peut-être en avait-il d’autres, de nouveaux amis qui venaient le voir et ma compagnie ne l’intéressait plus.
La dernière fois, je l’ai quitté malheureuse.
Le beau cheval n’est plus dans la prairie, sans doute en a t-il trouvé une autre où l’herbe est plus verte et plus tendre.
La prairie où je vais encore me promener est devenue un champ d’orties, parfois j’y vois l’ombre de mon ami, il me manque…mais chacun poursuit sa vie.
M.H.