
Dentelle et vieille chaussette.
Dentelle est si fine et si belle
Qu’ouvragée en motifs floraux
Elle laisse entrevoir des merveilles
A qui sait apprécier le beau.
*
La soie est de ses matières
La préférée
Tissée elle reste légère
Et scintille par son nacré.
*
Rangée dans un tiroir
Elle se fait un peu oublier
Et espère qu’un de ces soirs
Elle sera à nouveau portée.
*
Depuis peu elle a un nouveau voisin
L’hôte reste en boule et demeure grognon
Il est arrivé par hasard un matin
Et ne semble pas propice à la discussion.
*
Dentelle fait mine de l’ignorer
Et préfère de loin papoter avec la lingerie
Qui est si fine et colorée à comparer
À cet intrus solitaire et mal poli.
*
Il est vrai qu’il n’a pas fière allure
Il est usé d’avoir été trop porté
Enfermer dans une chaussure
Qui ne lui était probablement pas adaptée.
*
Il avait un compagnon
Qui ne le quittait jamais
Mais depuis sa disparition
Il est bougon et il se tait.
*
Par une secousse du tiroir
Il glissa et se frotta contre elle
Et dans une démarche conciliatoire
S’en excusa de plus belle.
*
Dentelle fut surprise de l’entendre
Sa voix était aussi douce que sa matière
Pourtant à le voir elle aurait pu prétendre
Qu’il devait avoir de bien vilaines manières.
*
Dans le tiroir d’une cousette
Un déshabillé en dentelle d’Alençon
S’est éprise d’une vieille chaussette
En attente d’une réparation.
L’amour unit les extrêmes
Quelques soient leurs différences
Il suffit parfois de prendre la peine
De faire fi des apparences.
M.H.
I