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Mon voisin le poney.
A la campagne, en cette période hivernale, les herbes sont épaisses et courtes, et se recouvrent de givre le matin. Le bétail a déserté les champs et les fermes se reposent.
Le village est figé dans le temps.
Là, se trouve une petite maison, que j’affectionne. Elle m’accueille quand les jours ont le poids des heures, le lest des minutes, et que mon esprit ne se nourrit plus que de gris, et surtout elle sourit à toutes mes envies.
Les yeux de la maison sont clos, elle sommeille en mon absence.
J’en franchissais le seuil de la porte et j’y déposais mon léger bagage. A peine, avais-je ouvert les volets, que je l’entendis me souhaiter la bienvenue en faisant craquer les planches du parquet usé, sous mes pieds bottés.
Je lui avais dit « au revoir », au début de novembre.
La manne en osier, au pied de la cheminée était vide. Avant d’ôter mon manteau, mon bonnet et mes gants de laine, il me fallait aller chercher quelques rondins, stockés au fond du grand jardin.
Le bois provenait d’un cerisier, coupé il y a deux ans, il était rangé dans une vieille cabane et avait eu le temps de sécher.
En longeant la clôture séparant le jardin d’une prairie, où les vaches broutaient au printemps, et en évitant les monticules de taupes, je parvins au fond du terrain.
N’arrivant pas à porter mon lourd panier, je devais le tirer, en faisant une halte tous les dix mètres, pour me redresser et m’étirer, et c’est alors que je le vis.
J’ignorais depuis combien de temps il était près de la clôture. Il me narguait, avec l’air de me dire « allons, Miss, ce travail n’est pas pour toi, tu n’es pas bâtie pour tirer de pareille charge, moi, si ! ».
J’abandonnais le bois, qui se déversa sur le gazon humide et me rapprochais de lui.
Je passais ma main au travers du large grillage en prenant soin de ne pas toucher aux fils de barbelés rouillés. Il se pencha et me laissa lui caresser sa crinière épaisse.
Je n’avais jamais vu un tel animal de si près, il avait une longue queue noire et un pelage fourni dans les tons marron, un corps large et musculeux, il avait tout d’un beau cheval…
Tout, non, il avait une particularité qui m’avait attirée, c’était que ses jambes, étaient bien plus petites et paraissaient plus solides.
Il me souriait en me montrant ses dents jaunies, et tout en battant des cils, il poussait sa grosse tête contre la clôture.
Une fine pluie commença de tomber.
Il se secoua la tête, fit un tour complet sur lui-même, puis se mit à courir dans la prairie.
Rapidement, je ramassais le bois, et le rentrais dans ma cuisine.
De la fenêtre, j’apercevais mon nouveau voisin, il était là sous la pluie qui se faisait battante.
Mais, j’avais été impolie avec lui, je l’avais caressé et j’avais oublié de me présenter.
Le lendemain, ce fut chose réparée, je l’invitais à déjeuner.
M.H. (Michèle Hardenne)