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(Extrait d’Iris Blanche )
CONFESSION.
Il était presque vingt heures, lorsqu’elle coupa le moteur de sa Toyota.
La vitre du salon laissait filtrer la douce lumière de son intérieur. Elle introduit la clé dans la serrure et entra.
Elle déposa son sac de sport, son sac à main et un grand carton dans le hall d’entrée.
Elle jeta un rapide coup d’œil vers le salon.
La table de la salle à manger avait été dressée et de petites bougies étaient disposées sur tous les meubles.
Une bouteille de champagne trempait dans un seau à glace, des serviettes en tissus avaient été pliées sur les assiettes.
Une bonne odeur émergeait de la cuisine.
Marc préparait des roulades de saumon.
Elle s’approcha de lui, le serra à la taille et lui déposa un baiser sur l’épaule.
Il se retourna la prit sans ses bras et en silence l’embrassa longuement.
— Tu m’as manqué mon amour.
— Iris, cette soirée est très importante pour nous, j’ai des choses à te dire.
Le ton sérieux dans la voix de Marc, la fit pâlir.
Il l’emmena dans le salon en la tenant par les deux mains et l’invita à s’asseoir dans le canapé.
Il se leva, ouvrit la bouteille de champagne et en remplit les coupes.
— Que fête-t-on ?
— Toi et l’amour que j’ai pour toi !
Il alla choisir un CD et l’inséra dans le lecteur.
Il lui avait composé une compile de morceaux de guitare classique et de piano, la musique qu’elle préférait et l’invita à danser.
Elle se laissa entraîner, se blottit contre lui et se laissa embrasser.
Son baiser était doux et fiévreux.
Il lui proposa de passer à table, apporta les entrées, suivi du menu spécial “fête” qu’il avait passé l’après-midi à préparer et remplit les verres de vins de premiers crus en accord parfait avec son menu.
Marc était tendre et sensuel, elle se laissait emporter par ses attentions.
Chaque fois qu’elle voulait lui parler, il s’approchait de ses lèvres et elle succombait à son charme.
Il l’emmena dans leur chambre, des bougies scintillaient de mille feux ; des petits photophores en recouvraient tout le mobilier.
Ils firent l’amour passionnément, jamais elle n’avait connu Marc aussi charnel et sensuel.
Il la prenait avec plus de vigueur qu’elle ne lui avait jamais connu, ses coups de reins étaient forts, elle en ressentait de la douleur et du plaisir. Leurs ébats se poursuivirent une grande partie de la nuit. Éreintée, elle se blottit dans ses bras.
— Marc, que t’arrive-t-il ?
— Je voulais que tu saches que tu es la femme la plus adorable qu’un homme puisse souhaiter, que j’aurais voulu pouvoir te donner plus d’amour, tu le mérites… tu mérites d’être aimée pour toi et toi seule, j’aurais voulu faire ton bonheur et te rendre heureuse.
— Marc, tu me rends heureuse, je t’aime et tu es mon unique amour…
— J’aurais voulu être différent, je te jure que j’ai essayé.
— Je ne comprends rien à ce que tu me dis. C’est cette fille, Carole ?
— Oui et non !
Iris se redressa dans le lit, des larmes aux coins des yeux. Marc du bout des doigts récupéra une larme qui coulait le long de sa joue.
— Carole me fait chanter… Elle nous fait chanter.
— Du chantage et qui “nous” et pourquoi “nous” ?
— Elle sait qu’Alain et moi sommes amants !
— Vous êtes amants, tu es homosexuel…Marc, depuis combien de temps cela dure-t-il ?
— Nous nous aimons depuis plus de vingt ans.
— Mais, Alain est marié, il a des enfants…
Marc se mit à sourire.
— Ce n’est pas incompatible d’être homosexuel et de fonder une famille.
— Jeanne était au courant ?
— Non, si Alain ne s’était pas fait prendre avec sa voisine, ils seraient toujours ensemble. Elle savait qu’il délogeait, elle n’a pas accepté que cela se passe chez eux.
Il la prit dans ses bras, elle se blottit contre lui, il l’embrassa tendrement sur le front.
— Si tu l’aimes pourquoi ne vivez-vous pas ensemble ? Les homosexuels peuvent cohabiter légalement.
— À cause de notre métier, nous avions peur de ne plus être crédibles et de passer pour des pervers. Tout le monde ne réagit pas aussi bien que toi !
— Comment cela a-t-il commencé ?
— Alain et moi fréquentions le même lycée. Il est arrivé en cours d’année du dernier cycle. J’avais dix-sept ans et une petite amie. Nous nous sommes retrouvés pendant un congé scolaire dans un camp de vacances, nous partagions la même chambre. Il avait réussi à obtenir une bouteille de vodka et nous l’avons bue lors d’une soirée. La tête me tournait, j’étais prêt à m’évanouir. Il m’a tenu dans ses bras et m’a embrassé. J’ai adoré ce premier baiser, il me procurait plus de plaisir que ceux d’Anna, mon amie de l’époque. Nous nous sommes embrassés longuement et nous avons fait l’amour… Je te choque ?
— Je ne suis pas juge, mais simple flic !
Elle respirait doucement et avait posé sa main sur le cœur de son compagnon.
— Après le camp, nous avons continué notre vie où nous l’avions laissée. Lors du bal de fin d’année, j’avais eu mon permis et mes parents m’ont offert une voiture. Anna m’a demandé de la raccompagner, nous avons fait l’amour dans la voiture et j’ai détesté ce moment. C’était la première fois que je couchais avec une fille. Je pensais que le problème venait d’Anna, j’ai eu d’autres copines, mais je n’en avais aucun plaisir. Alain jouait mieux la comédie que moi. Il disait que les filles ne l’impliquaient pas émotionnellement et que le plaisir qu’il en avait était purement sexuel. Moi c’était le contraire, si je n’en avais pas le désir, je n’en avais aucun plaisir. J’avais honte de ma déviance et je ne me l’expliquais pas.
— Tes parents étaient au courant que tu préférais les garçons ?
— Pas les garçons, j’étais follement amoureux d’Alain. Mes parents l’acceptaient.
Je l’ai été à la première seconde quand je l’ai rencontré. Son attirance pour moi était partagée. Après le Lycée on se voyait régulièrement, puis nous avons pris un appartement en commun. Nous avons fait l’école de police ensemble, nous voulions tous les deux être à la criminelle. Le soir où nous avons obtenu notre brevet, nous avons fait la tournée des bars. Nous avons atterri dans un night-club et nous nous sommes fait draguer par deux filles, Jeanne et Alice. Au petit matin, chacun a raccompagné une fille. Alice avait déjà beaucoup d’expérience et elle s’est rendu compte qu’elle ne me donnait aucun plaisir. La première nuit que nous avons passée ensemble, elle a mis cet échec sur le compte de la boisson. Alain et Jeanne continuaient à se voir.
— Tu n’étais pas jaloux ?
— Alain sauvait les apparences. Et puis, Jeanne lui a annoncé qu’elle était enceinte et il l’a épousée.
— Elle ne s’est pas rendu compte qu’il… était gay ?
Iris leva la tête et regarda Marc, il lui donna un baiser.
« Non, elle n’aurait pas pu » se répondit-elle.
Marc lui souriait.
— Quand je t’ai connu, tu sortais avec Alice, elle savait pour toi ?
— J’ai revu Alice au mariage d’Alain. Nous avons passé la nuit ensemble et elle a compris que je n’étais pas sous l’emprise de la boisson. Son frère vivait avec un de ses collègues de travail. Elle me comprenait, mais elle voulait partager sa vie avec un homme, un vrai. Pour les collègues de travail, nous faisions semblant d’être ensemble. Et puis, Alice t’a repérée.
Elle avait prévu notre séparation aux yeux des autres en douceur. Elle trouvait que cela paraîtrait plus viril si nous nous séparions parce que j’avais une autre femme qu’elle dans ma vie. Elle a organisé notre rencontre, nos rendez-vous, puis elle a rencontré son mari, et est restée pour moi une amie et une confidente.
— Marc, je suis une femme et cela fait dix ans que nous vivons maritalement, pourquoi n’ai-je pas soupçonné un seul instant que tu ne m’aimais pas ?
— Tu te trompes Iris, dès que nous avons dansé ensemble j’en ai eu des frissons. Tu me plaisais, je te désirais. Je t’ai adorée la première fois que nous avons fait l’amour, tu ne me demandais rien de plus que ce que je pouvais t’offrir. Je t’aime Iris, n’en doute jamais.
— Mais ton coeur n’est pas à moi.
— Je le regrette chérie, j’ai cru que je changerais, et sincèrement au plus profond de mon être je pensais que je guérirais !
— Mais tu n’es pas malade, Marc.
— Toi, tu le penses. Mais je suis hors-norme, si le bureau venait à savoir que deux de leurs inspecteurs de la criminelle sont des “folles” je te laisse imaginer l’ambiance du travail.
— Marc, nous sommes au vingt et unième siècle, il y a des couples lesbiens dans mon équipe, elles font du super bon travail, on se fout se savoir qu’elles broutent du gazon.
— Je t’adore mon amour, mais les femmes qui vivent en couples sont plus fortes que nous pour affirmer leur choix. Les machos leur trouvent des circonstances atténuantes.
— Ne m’appelle plus mon amour, Marc, j’ai le cœur qui se fissure.
— Tu resteras mon unique amour de “femme” dans ma tête. Il n’y a jamais eu que toi et il n’y aura jamais que toi.
— Et Carole, que vient-elle faire dans ta romance ?
— Cette pute avait rendez-vous avec un de ses amants dans un motel à la sortie de la ville. Elle a reconnu la voiture d’Alain. Elle a fait croire au gérant de l’hôtel qu’elle était attendue. Cet imbécile a cru qu’on faisait une partie à trois et lui a renseigné notre chambre. La porte n’était pas verrouillée, elle est entrée et nous a surpris au pieu. Elle a sorti son portable et nous a pris en photo. Le temps d’enfiler un jean, elle était partie.
— Elle vous fait chanter et combien réclame-t-elle ?
— Elle nous échange son silence et son portable contre cinquante mille euros.
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